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Retraite

Ouvrir un PER à son enfant majeur : l’optimisation fiscale qui coche toutes les cases

Depuis la suppression, en 2024, de la possibilité d’ouvrir un PER au nom d’un enfant mineur, de nombreux parents ont cru que la porte était définitivement fermée. C’est faux : dès ses 18 ans, un jeune adulte peut ouvrir son propre Plan d’Épargne Retraite — et ses parents ont tout intérêt à l’y aider, surtout s’il est encore rattaché au foyer fiscal. 

 

Entre déduction fiscale, constitution d’un futur apport immobilier et démarrage précoce d’un capital retraite, ce dispositif souvent méconnu est l’un des leviers les plus puissants à activer avant le 31 décembre. Beaucoup de contribuables l’ignorent : lorsqu’un enfant devient majeur mais reste rattaché au foyer fiscal, il dispose de son propre plafond de déduction PER, distinct de celui de ses parents. En 2025, ce plafond s’élève à 4 637 € par an, auxquels s’ajoutent les plafonds non utilisés des trois années précédentes. Tant que le jeune adulte ne travaille pas, n’a pas de revenus ou ne consomme pas son enveloppe, ce plafond demeure intégralement disponible.
 

Un levier fiscal sous-utilisé : la déduction du plafond du jeune adulte rattaché

Patrick Prugnaud, ingénieur patrimonial à La Financière d’Uzès, rappelle un point essentiel : si les parents aident leur enfant à verser sur son PER, ils déduisent ces versements de leurs propres revenus, en utilisant le plafond inutilisé de l’enfant rattaché. C’est un mécanisme parfaitement légal, souvent oublié, mais extrêmement efficace pour réduire l’impôt sur le revenu.
 

Autrement dit, sur un même foyer fiscal, deux plafonds de déduction coexistent : celui des parents et celui du jeune adulte. Une famille qui n’a pas utilisé les enveloppes précédentes peut ainsi générer une déduction globale significative.
 

Le second avantage, plus méconnu encore, concerne la fiscalité à la sortie. En règle générale, le PER est bloqué jusqu’à la retraite, mais un cas dérogatoire majeur existe : l’acquisition de la résidence principale. Le jeune adulte pourra donc retirer son capital, à tout moment, pour acheter son premier logement. L’opération devient alors doublement vertueuse : optimisation fiscale pour les parents aujourd’hui, constitution d’un apport immobilier pour l’enfant demain.
 

Ce mécanisme présente également un intérêt financier de long terme : les versements effectués très tôt permettent de lisser l’effort d’épargne et d’exploiter pleinement la capitalisation. En démarrant à 18 ou 19 ans, un jeune adulte peut mettre en place une gestion à horizon, plus risquée au départ, plus sécurisée ensuite, et bâtir un capital retraite important sans effort excessif.

Un outil pédagogique et transmissif
Sur le plan pratique, c’est l’enfant majeur qui doit ouvrir le PER : aucune souscription par procuration n’est possible. Mais rien n’empêche les parents ou grands-parents de l’aider. La loi permet, tous les 15 ans, un don familial exonéré jusqu’à 31 865 €, à condition qu’il soit réalisé par un parent ou grand-parent âgé de moins de 80 ans. Cette enveloppe peut parfaitement servir à alimenter un PER.
 

Cette mécanique patrimoniale présente trois avantages complémentaires. D’abord, elle renforce l’organisation intergénérationnelle de l’épargne. Les parents optimisent leur impôt tout en transmettant, sans frottement fiscal, une somme destinée à la constitution du patrimoine de leur enfant. Dans une perspective d’anticipation du cycle de vie — études, premier logement, installation —, le PER devient un instrument structurant.
 

Ensuite, l’opération possède une dimension pédagogique. Ouvrir un PER à 18 ans, c’est installer dès le début de la vie adulte un réflexe d’épargne longue. Le jeune investisseur comprend rapidement les mécanismes de capitalisation, de gestion pilotée, de modulation du risque et d’arbitrage dans le temps. À long terme, ces habitudes influencent fortement la santé patrimoniale.
 

Enfin, cette stratégie s’inscrit parfaitement dans le contexte fiscal actuel. Avec la montée des prélèvements obligatoires, l’érosion des rendements sans risque et l’incertitude persistante sur les régimes de retraite, les dispositifs d’épargne défiscalisée deviennent centraux. Aider un enfant majeur à alimenter son PER est l’une des rares optimisations qui combine absence de risque, neutralité patrimoniale (il ne s’agit pas d’un acte appauvrissant) et impact fiscal concret dès l’année suivante.
 

En résumé, ce levier incite les familles à arbitrer intelligemment entre optimisation immédiate et transmission future. Un équilibre devenu précieux dans un environnement où chaque avantage fiscal compte et où la préparation de la retraite commence de plus en plus tôt.